« On peut autoriser les NNI sur les semences de betteraves car elles ne fleurissent pas donc les abeilles ne sont pas concernées ». Combien de fois avons-nous entendu, lu cela ? Agaçant, très agaçant d’être confronté sans cesse à l’ignorance (la bêtise crasse) sur le sujet.
Nous ne voulons plus du tout de NNI dans les champs car ces pesticides :
- sont extrêmement toxiques pour les insectes, les poissons, les oiseaux par absorption ou contact direct, (pour mémoire quelques milliardièmes de grammes suffisent à tuer une abeille et les doses autorisées sont de plusieurs dizaines de grammes par hectare) ;
- sont appliqués sur les semences mais n’y restent pas, ils se diffusent dans l’air au moment du semis, dans toute la plante ensuite, dans l’eau avoisinante, le sol, pour preuve, on retrouve régulièrement des NNI dans les sols et les fleurs de parcelles qui n’ont jamais été traitées ;
- persistent très longtemps dans l’environnement, la durée constatée est très variable mais certaines études indiquent plusieurs années (demi-vie pouvant dépasser 1 000 jours).
Ces molécules arrivent donc à imprégner la nature en éliminant pratiquement tous les insectes en contact or les insectes sont la base de la chaîne alimentaire pour de très nombreuses espèces, les insectes servent d’alimentation à d’autres insectes, de démarrage à la plupart des espèces d’oiseaux même ceux qui seront granivores ensuite, aux amphibiens, lézards, serpents, aux petits mammifères qui sont mangés par les plus gros ou les rapaces. Les insectes sont aussi pollinisateurs donc indispensables au maintien d’une flore diversifiée qui nourrit tous les herbivores. On retrouve le même système de chaîne alimentaire dans l’eau. Quand on fait disparaître les insectes, on scie la biodiversité entière à sa base.
Donc d’un côté nous avons des pertes de production de betteraves, de l’autre le retour à une pratique de destruction de la biodiversité dans son ensemble, on choisit quoi ? Le retour à…
Parce que là aussi, ignorance crasse, déni complet de la situation de la biodiversité : moins 80% des populations d’insectes en 30 ans (cf études allemandes, site de la NABU Naturschutzbund Deutschland récemment mises à jour), cela ne suffit pas ? Il faut aller au bout de la biodiversité, vraiment au bout de la bêtise ?
NB : de toute façon, depuis la fin des quotas, la culture de la betterave n’est pratiquement plus rentable sauf à faire des grosses récoltes d’où la demande de dérogation pour les NNI, ne vaudrait-il pas mieux soutenir la filière pour une autonomie alimentaire mais sans aller au-delà plutôt qu’inciter les agriculteurs à produire toujours plus pour un marché international implacable ?
Claudine JOLY
Présidente du CREPAN
Le Gouvernement a mis en ligne une consultation visant à justifier la réautorisation des insecticides « tueurs d’abeilles » pour le traitement des betteraves à sucre produits par Bayer-Monsanto et Syngenta.
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