Chaque année, la Journée Mondiale des Zones Humides (JMZH) organisée en France depuis 2001, et célébrée tous les 2 février, pour commémorer la signature de la Convention de RAMSAR sur les zones humides de 1971.

Dans le cadre de cette journée, le Comité Régional d’Étude pour la Protection et l’Aménagement de la Nature en Normandie(CREPAN) et la Cellule d’Animation Technique pour l’Eau et les Rivières (CATER), en partenariat avec l’Agence de l’Eau Seine-Normandie (AESN) et en présence du Syndicat Mixte du Bassin de la Dives organisent un temps d’échanges avec des élus locaux et un exploitant agricole. En effet, les zones humides nous rendent de nombreux services et ces interlocuteurs sont les premiers gestionnaires de ces milieux qui sont essentiellement présents en zones agricoles.


De gauche à droite : Mme. Galaup (SMBD), M. Boucher (adjoint au maire), Mme Paturel  (maire de Hotot-en-Auge), M. Gallot (agriculteur), Mme Delépine (OF), Mme Mavoka-Isana (CATER), Mme QUINTAILE (OF) – 02/02/2018 – (Source : CREPAN)

Une zone humide, c’est quoi ?

Les zones humides sont des zones de transition entre terre et eau. On peut les définir comme étant des terres imprégnées ou recouvertes d’eau douce, salée ou saumâtre. En Normandie occidentale, on recense actuellement environ 150 000 ha de zones humides (soit 10% du territoire). Les deux-tiers correspondent essentiellement à des prairies humides, situées le long des cours d’eau, la plupart du temps en secteur agricole (environ 66%).

Pourquoi s’intéresser aux zones humides ?

L’effet cumulé de la dégradation de ces zones humides à l’échelle des bassins versants engendre des conséquences graves en particulier pour la qualité et la quantité de la ressource en eau. En effet, les zones humides jouent des rôles essentiels dans le cycle de l’eau en agissant comme une sorte d’éponge. Elles peuvent assurer les fonctions suivantes : rétention des inondations et limitation de l’érosion des sols, réservoir d’eau en période de sécheresse (soutien des débits d’étiage et recharge des nappes), stations d’épuration naturelles, réservoirs de biodiversité, productivité biologique, régulation climatique (séquestration du carbone). Les analyses de la DREAL de Normandie tendent à montrer que 50% des zones humides sont dégradées (abandon, modification, destruction, etc.). L’objectif de ces échanges est donc de les présenter et de les valoriser auprès du grand public. De plus, l’un des objectifs de la CATER est de restaurer les zones humides lorsqu’elles sont trop dégradées pour bénéficier à nouveau de leurs avantages.

Point sur les échanges

Mme Paturel, maire d’Hotot-En-Auge et M. BOUCHER, adjoint au maire vivent depuis longtemps sur les marais de la Dives (environ 50% de la commune est situées en zone humide). Lors de cette journée, ils ont accepté de partager leurs connaissances du site et de présenter des actions qui y sont réalisées. Ils ont vu le marais se transformer : initialement il était utilisé principalement pour l’élevage de bovin – viande (« élevage d’embouche »). L’herbe présente une grande partie de l’année permet effectivement d’engraisser les animaux de façon significative. Puis, le marais a vu apparaître de plus en plus de cultures, de gabions, de haras et de peupleraies, cette anthropisation a tendance à fragiliser le milieu. En 1971 a eu lieu le premier labour sur le marais d’Hotot-en-Auge.

Au niveau communal, les zones humides ont été intégrées au document d’urbanisme, afin de les classer en zone naturelles et de les préserver des aménagements. Une réflexion est en cours dans le cadre du futur plan local d’urbanisme intercommunal, à l’échelle de la communauté de communes de Normandie Cabourg Pays d’Auge (NCPA), qui devra également prendre en considération ces milieux.

JMZH 2018 - Rencontre à la mairie d'Hotot en AugeA l’échelle communale, des actions de sensibilisation et de valorisation (randonnées à travers le marais, animations ouvertes au public, …) sont réalisées avec des acteurs œuvrant pour la préservation du marais, tels que le CREPAN, le Conservatoire du littoral, les Amis des Marais de la Dives, mais aussi des installations tels que l’aménagement d’un point de vu, des panneaux de sensibilisation, etc.

A l’heure de la prise de compétence GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et de la Prévention des Inondations) par les Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI), la commune et la communauté de communes de Normandie Cabourg Pays d’Auge (NCPA) ont transféré la gestion des milieux aquatiques et humides au Syndicat Mixte du Bassin de la Dives, qui mène de nombreuses opérations de restauration des milieux aquatiques sur le bassin de la Dives. Ce dernier va sur ce point mener une étude pour réfléchir au devenir des digues présentes sur le marais et à la gestion du marais en termes de zones d’expansions de crue, rôle joué par les milieux humides.

De plus, les fortes pluies de ces derniers jours viennent illustrer l’importance de préserver les zones humides : le marais, actuellement inondé, permet en effet de retenir les eaux pluviales et d’éviter les dégâts causés par les inondations en secteur urbain située notamment, pour les Marais de la Dives, le long du littoral.

La rencontre s’est poursuivie chez M. Gallot, éleveur en bovin-viande à Hotot-En-Auge, dont les pratiques s’approchent de celles d’un exploitant en agriculture biologique (pas de fertilisation minérale, pas de phytosanitaires, très peu de traitements anti-parasitaires). La gestion des zones humides par le pâturage extensif (peu d’animaux sur la parcelle) est une pratique agricole historique qui favorise leur préservation.

Selon lui, les principales difficultés rencontrées sur ses parcelles humides sont : le parasitisme, qu’il contrecarre avec des animaux rustiques obtenus par croisement et par l’entretien de rigoles (petits fossés) superficielles et réversibles permettant de limiter la présence d’eau en surface,les niveaux d’eau sur le marais, qu’il ne maîtrise pas ; la gestion étant réalisée par l’ASA de la Dives à Troarn.

Les zones humides ne manquent pas d’atouts pour l’agriculture. Elles permettent d’avoir un fourrage toute l’année, bien que la qualité du foin s’amoindrisse pour les 2ème et 3ème fauches réalisées en fin d’été, un rendement plus intéressant que sur les parcelles non humides du haut plateau, des sols riches du fait des dépôts sédimentaires et de nitrates amenés par les eaux pluviales. Ces derniers ne nécessitent donc pas ou peu d’apports (juste du fumier en début de pousse).

Pour en savoir plus :

Nous mettons à votre disposition  ce filme « zones humides et agriculture », réalisée par la CATER et Normandie TV, cette plaquette « zones humides » à destination des élus et agriculteurs et une base documentaire disponible dans la médiathèque,

Film JMZH 2014 - Normandie TV    Plaquette zones humides

 

À propos de la CATER

La Cellule d’Animation Technique pour l’Eau et les Rivières (CATER) est une association à but non lucratif (loi 1901) créée en 1999. L’association a pu naître grâce à la volonté commune des Agences de l’Eau Seine-Normandie et Loire-Bretagne, des Conseils départementaux du Calvados, de la Manche et de l’Orne, du Conseil régional de Normandie et des Fédérations départementales pour la pêche et la protection du milieu aquatique (FDPPMA) qui se sont tous convaincus de l’intérêt d’un outil régional pour l’appui à la mise en œuvre des politiques de restauration et de gestion des milieux aquatiques et humides et des ressources en eaux superficielles à l’échelle des bassins versants.

 

Basée à Athis-Val-De-Rouvre, le personnel de la CATER forme une équipe pluridisciplinaire de 6 salariés. Les chargés de mission assurent une animation technique auprès des collectivités territoriales sur les différents secteurs hydrographiques du bassin Seine-Normandie.

http://www.cater-normandie.fr/

La presse en parle :

Article Ouest France Journée Mondiale ZH

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