Communiqué de presse

13 novembre 2018

 

 

 

HAUSSE DU PRIX DES CARBURANTS :

UNE BONNE NOUVELLE… POUR LE CLIMAT !

 

Certains automobilistes expriment un mécontentement face à l’augmentation du prix des carburants. L’ancienne ministre de l’écologie et Ambassadrice des Pôles Ségolène ROYAL, ayant à son palmarès l’abandon irresponsable de l’écotaxe et donc une responsabilité majeure dans les difficultés du fret ferroviaire et les files ininterrompues de poids-lourds, critique la fiscalité sur les produits pétroliers. Les écologistes du CREPAN estiment que les taxes sur l’essence et le gazole doivent au contraire contribuer à modifier nos habitudes de déplacements.

 

Une prise de conscience généralisée s’impose sur la nécessité de diminuer notre dépendance pétrolière. L’ère du pétrole bon marché et abondant est révolue (tensions géopolitiques,  épuisement de certains gisements…). Le dérèglement climatique dont les premiers effets se font ressentir doit nous amener à réduire drastiquement notre consommation d’énergies fossiles, et repenser totalement nos façons de nous déplacer. Ce sera difficile, nous utilisons pour beaucoup la voiture et la politique des transports menée depuis des décennies a favorisé notre dépendance à ce moyen de déplacement. Mais c’est une nécessité vis à vis de nos enfants.

 

Le secteur des transports, avec une contribution majeure du transport routier (voitures et camions), représente plus du tiers les émissions de gaz à effet de serre. La hausse du prix des carburants doit nous inciter à modifier nos comportements en matière de mobilité. Une baisse des taxes serait un mauvais signal à l’heure où les indicateurs sont au rouge concernant le dérèglement climatique ou la pollution de l’air.

 

Le consommateur peut faire des économies. En zone urbaine, les automobilistes circulant en pick-up ou prenant leur voiture pour effectuer 1 km doivent s’interroger sur la pertinence et les conséquences pour l’environnement et la santé de leur choix. Les salariés disposant d’une offre alternative en transports en commun pour leurs trajets domicile-travail doivent regarder la possibilité d’emprunter trains, tramway et bus. Pour les ménages en milieu rural, où il est plus difficile de se passer de voiture, il convient d’étudier les dispositifs d’aide, mais dans une approche multimodale et pas exclusivement automobile.

 

De plus, il est grand temps que les élus intègrent la nécessité d’un aménagement du territoire mettant fin à l’omniprésence du transport routier. Les constructions de 2×2 voies et d’autoroutes doivent être abandonnées, au profit de transports collectifs performants, attractifs et peu coûteux pour l’usager : remise en service de lignes ferroviaires (tram-train Rouen-Evreux, Caen-Flers…), nouveaux projets de tramway, couloirs de bus, nouvelles haltes ferroviaires comme à Fresné la Mère près de Falaise… Le vélo est également une solution d’avenir pour faciliter les déplacements dans les villes et une vaste politique cyclable est nécessaire. Les solutions sont connues, seul manque la volonté politique !

 

Enfin, le CREPAN estime que le produit des taxes sur les carburants, tout comme la nécessaire future vignette poids-lourds, doivent être affectés aux modes de déplacements de demain, participant à la transition écologique de notre société. Citoyens qui descendent dans la rue pour exiger une baisse du prix des carburants, pensons d’abord climat et exigeons une autre politique des déplacements !

 

Comité Régional d’Étude pour la Protection et l’Aménagement de la Nature

Hôtel des associations, 8 rue Germaine Tillion – 14000 CAEN, 02 31 38 25 60, crepan@gmail.com

 


 

POUR ALLER PLUS LOIN …

 

Fiscalité écologique : les réponses que le gouvernement devrait apporter face à son augmentation

 

Le constat est clair : la hausse de la fiscalité des carburants, dans un monde sous contrainte climatique, est tout simplement indispensable. Elle participe à faire transiter nos déplacements actuels reposant essentiellement sur les énergies fossiles vers d’autres types de mobilités, moins émetteurs de gaz à effet de serre. Face à la polémique générée par la hausse du prix des carburants, le Réseau Action Climat, dont France Nature Environnement fait partie, rappelle l’importance de la fiscalité écologique.

 

Les transports restant dans notre pays le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre, les mesures à prendre dans ce secteur constituent une priorité. Il n’en reste pas moins que la transition énergétique (et écologique en général) implique un changement profond de nos modes de vie et de consommation qui, s’il n’est pas accompagné, est condamné à échouer. En plus de l’incitation fiscale, ces changements doivent bel et bien être accompagnés pour les citoyens vers de nouvelles solutions de mobilités : transports en commun, véhicules peu émetteurs et covoiturage, modes actifs, etc.

Les situations que vivent aujourd’hui les citoyens face à l’augmentation de la fiscalité, en particulier des carburants, méritent cependant d’être nuancées : il y a ceux qui peuvent faire autrement et la fiscalité est là pour les y inciter. A titre d’exemple, aujourd’hui, un déplacement sur deux effectué en ville en voiture fait moins de 3 km. Et il y a ceux qui, aujourd’hui, ne peuvent pas faire autrement et ont de faibles ressources. Ceux-là ont donc besoin, face à l’augmentation de la fiscalité écologique, d’être aidés.

Nous sommes nombreux à avoir plaidé depuis plusieurs mois auprès du Gouvernement pour que ce dernier mette en place, parallèlement à l’augmentation nécessaire de la fiscalité écologique, des solutions, de court et de moyen à long terme. L’objectif étant qu’au final, personne ne soit laissé sur le carreau et que tout le monde puisse se déplacer et exercer ses activités, sans pour autant nuire au climat.

Et sur ce point, les mesures prises par le Gouvernement demeurent insuffisantes pour entrainer la France vers une transition écologique qui soit également juste socialement. A l’heure où le projet de loi de finances pour 2019 et les arbitrages sur la future loi mobilités sont en cours, nous appelons le Gouvernement à utiliser les recettes tirées de l’augmentation de la fiscalité écologique pour, entre autres, garantir une mobilité durable à tous en :

 

1. Aidant réellement les français à sortir du piège du diesel et de l’essence dans lequel ils sont enfermés

 

Aujourd’hui, la prime à la conversion permet l’achat de véhicules qui continuent, pour l’essentiel, de fonctionner sur la base d’énergies fossiles (diesel, essence). Ainsi, seulement 7% des aides octroyées dans le cadre de la prime à la conversion ont servi à l’achat d’une voiture électrique. En recentrant les aides en vigueur sur des véhicules à très faibles émissions et plus sobres (par exemple en imposant des critères de taille ou de puissance du véhicule), les montants alloués pour changer de véhicules pourraient être beaucoup plus généreux pour les ménages les plus fragiles.


2. Transformant la prime à la conversion, centrée sur l’automobile, en une prime à la mobilité ouverte, à tous les modes de transports

 

Pour sortir les français de leur dépendance aux énergies fossiles, la prime à l’abandon d’un vieux véhicule devrait être ouverte à d’autres formes de mobilités telles qu’une adhésion à un service d’autopartage ou de covoiturage, l’acquisition d’un vélo (dont électrique), un abonnement aux transports en commun, etc. Le Gouvernement devrait également renforcer son soutien financier au vélo pour permettre son utilisation combinée avec le train ou les transports en commun (stationnements sécurisés pour les vélos dans les pôles d’échanges multimodaux, possibilité de cumuler le forfait mobilité durable avec le remboursement des transports en commun, etc.).


3. Réduisant les fractures territoriales en luttant contre l’étalement urbain et en renforçant le réseau de transports en commun

 

Les déplacements quotidiens des ménages périurbains et ruraux subissent les situations les plus critiques de précarité liée à la mobilité comparativement aux grandes agglomérations françaises. C’est le résultat d’une politique centrée sur la voiture. La lutte contre l’étalement urbain et la diversification des modes de transport dans tous les territoires est essentielle dans un contexte de hausse du prix de l’énergie. Le Gouvernement doit soutenir le réseau ferré en investissant dans sa régénération plus de 3 milliards d’euros chaque année afin de rendre le train attractif et accessible au plus grand nombre. Aujourd’hui, c’est pourtant l’inverse qui se déroule sous nos yeux avec près de 9000 km de petites lignes qui sont menacées de fermeture par un manque d’investissements dans la régénération du réseau.


4. Cofinançant, auprès des collectivités locales, le développement des transports plus propres

 

Le Gouvernement devrait consacrer sous le quinquennat 1 milliard d’euros en faveur des transports en commun, des bus plus propres et de la résolution des nœuds ferroviaires (afin, pour ce dernier point, de développer des réseaux de train rapides de type RER autour des métropoles françaises).

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