L’agriculture française, folle de pesticides ?

Bilan ce lundi 30 janvier au ministère de l’agriculture du plan Ecophyto sur la réduction de l’usage des pesticides, « légère inversion de la courbe » (si, monsieur Le Foll  l’a dit lui –même ou plutôt a osé le dire) avec une diminution du nombre de doses utilisées (en fait vendues sur le territoire) entre 2014 et 2015 de 2, 7 %. Avec un regard légèrement plus large voyons ce qu’il en est réellement, en fait en moyenne triennale glissante (on compare les années 3 par 3 pour atténuer les effets de pression des prix, des prédateurs ou climatiques) on observe une augmentation de 4,2 % et quand on ouvre vraiment les yeux  sur l’ensemble du plan on est passé en gros de 77 millions de doses en 2009 à 93 millions en 2015 ! Bravo, pour un plan destiné à diminuer l’usage de 50 % en 10 ans, le résultat fait plaisir !…

D’autant plus impressionnant que dans le cadre des réseaux de fermes Déphy (2 000 fermes engagées dans des stratégies de réduction) on observe des réductions sur toutes les filières, et même si on pourrait espérer mieux là aussi surtout en grandes cultures, il y a systématiquement réduction et non augmentation.

Donc, hélas il n’y a pas de mouvement de fond chez la grande majorité des agriculteurs vers le changement comme on l’entend souvent, une prise de conscience pour certains apparaît mais surtout parce qu’ils se trouvent confrontés à des problèmes de résistance en particulier des « mauvaises herbes » et doivent donc alors augmenter les doses appliquées.

J’ai donc pu entendre le représentant FNSEA demander instamment à la recherche des produits de biocontrôle efficaces et non dangereux (les « bons » pesticides) et pour la plupart des acteurs, l’espoir est dans la génétique : OGM vrais ou faux résistants aux maladies, au stress, à la sécheresse, productifs … Effectivement l’imagination est au pouvoir sur ce sujet dans les laboratoires avec des investissements fous, la boîte de Pandore est ouverte !

Il apparaît donc que l’accompagnement des agriculteurs par des outils même très lourds techniquement et financièrement (budget Ecophyto supérieur à 40 M d’euros /an) ne suffit pas, la réglementation et/ou l’incitation économique (rôle de la PAC entre autres) restent évidemment nécessaires et tant que l’on n’attaquera pas par ce biais (peu populaire il faut le reconnaître), il est probable que rien ne bougera.

Claudine JOLY,

Présidente du CREPAN

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