Le Crepan et FNE Normandie étaient présents à un débat public sur la politique énergétique le 28 juin à Cherbourg, à l’initiative de Madame Sonia KRIMI députée de la Manche
Joël

 


 

Bonjour,

Je remercie Madame Sonia KRIMI députée de la Manche de nous avoir convié à ce débat.

Les thèses que j’expose ce soir reprennent très largement la note de France Nature Environnement sur la transition énergétique émise ce printemps.

 

https://www.fne.asso.fr/dossiers/transition-%C3%A9nerg%C3%A9tique-definition-enjeux-ppe

 


 

Transition énergétique : mode d’emploi

Que met-on concrètement derrière ces deux mots magiques ? Alors que la France prépare la feuille de route de nos choix énergétiques pour les 10 années à venir, France Nature Environnement Normandie donne sa vision d’une transition énergétique réussie : dénucléarisée, décarbonée, centrée sur la sobriété et l’efficacité énergétique, et orientée vers 100% d’énergies renouvelables.

En 2017, pour la 3ème année consécutive, la surface du globe enregistrait des records de températures. En même temps, plus de 48 000 personnes décédaient de maladies liées à la pollution de l’air en France. Dérèglement climatique, pollution de l’air et de l’eau, disparition accélérée de la biodiversité, que faire face à ces problèmes provoqués par les activités humaines ?

Revoir notre façon de produire et de consommer passe par deux grands chantiers : réduire drastiquement la consommation d’énergie, utiliser des sources très peu émettrices de gaz à effet de serre et non polluantes.

Adieu pétrole et nucléaire, bonjour aux renouvelables, locales qui plus est.

 


Aujourd’hui, quelles énergies utilisons-nous ?

S’intéresser à la transition énergétique, c’est étudier notre mix énergétique, qui ne doit pas être confondu avec le mix électrique. Le mix énergétique correspond à l’ensemble des sources d’énergie utilisées pour satisfaire les besoins énergétiques d’un pays pour se déplacer, se chauffer, s’éclairer, faire fonctionner nos équipements électriques etc. Le mix électrique ne concerne que les énergies qui servent à produire de l’électricité. Cette précision peut paraître anecdotique mais elle a son importance : ainsi, l’énergie nucléaire compte pour 20 % du mix énergétique (en énergie finale) quand elle représente 78 % du mix électrique.

Les énergies fossiles représentent environ 65 % de la consommation d’énergie finale en France, loin devant l’électricité d’origine nucléaire (20 %) et les renouvelables (15 %).

 

Pour réduire notre dépendance aux fossiles et nucléaire, l’État a voté une loi en 2015.

 


Loi de transition énergétique et programmation pluriannuelle de l’énergie : le cadre politique

La France a adopté, en août 2015, une loi relative à la Transition Energétique pour la Croissance Verte (LTECV)2. Cette loi pose des objectifs contraignants et ambitieux en matière de réduction des consommations d’énergie, de rénovation des bâtiments, de réduction des émissions de gaz à effets de serre, ou encore de baisse de la part du nucléaire.

Que se passe-t-il depuis 2015 ? Dans un avis rendu en   février 2018, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) constate que l’application de cette loi souffre de retards considérables dans tous les domaines. De cette loi découle un document capital  : la « Programmation Pluriannuelle de l’Énergie » ( PPE ) . Elle fixe pour les 10 années à venir les choix de la France en matière de mix énergétique, et ce, en cohérence avec les objectifs définis dans la loi.

Alors que cette « PPE » est en préparation et que la population française est invitée à s’exprimer sur son contenu, France Nature Environnement Normandie en a profité pour exposer les mesures qui, si elles étaient actées, permettraient de réussir une transition globale, énergétique, écologique, économique et sociétale.

2 –  Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte

 


1 – Réduire les gaspillages d’énergie et d’électricité

 

Efficacité énergétique

 

(chiffres 2015)

 

Le chauffage et la climatisation des bâtiments résidentiels et tertiaires consomment à eux seuls  presque la moitié de l’énergie finale, ensuite on trouve le transport pour  1/3  et l’industrie pour 1/5  Le pétrole est utilisé en majorité, ensuite vient l’électricité.

L’équivalent de la production d’un réacteur nucléaire est consommé chaque année pour alimenter les appareils électriques en veille.

Ajoutons que les logements des plus pauvres sont majoritairement chauffés à l’électricité, ce qui est le moyen le plus cher et aggrave la précarité énergétique . 6 millions de ménages au moins  consacrent plus de 10 % de leur budget aux dépenses de chauffage

Il est urgent d’accélérer fortement la rénovation énergétique du bâti. Aujourd’hui on sait parfaitement faire des bâtiments passifs ou même à énergie positive.  Cette question doit faire l’objet d’un plan national largement médiatisé avec un objectif de réduction d’un facteur 4.

 


2 – Accélérer le développement des énergies renouvelables

Plusieurs travaux l’ont montré : 100 % d’énergies renouvelables dans le mix électrique ou de gaz en 2050, c’est possible, à condition que tous les acteurs convergent en ce sens ! Ces énergies renouvelables sont de plus en plus compétitives et créatrices d’emplois. Il est donc impératif que la Programmation Pluriannuelle de l’Energie continue de fixer des objectifs hauts pour chaque filière, en se donnant les moyens d’aller vers 45 % d’énergies renouvelables en 2030. Ce développement doit être raisonné : même si les énergies renouvelables sont moins impactantes que les fossiles et le nucléaire, toute énergie a un impact sur le milieu. Il est donc essentiel de bien choisir les sites de production en tenant compte, non seulement de la ressource, mais aussi de la sensibilité du milieu.

L’énergie hydraulique et le bois énergie, déjà lourdement mobilisés, doivent être considérés avec attention. Par exemple, le bois énergie – c’est-à-dire la combustion du bois pour le chauffage ou l’électricité – n’est pas une énergie renouvelable comme le solaire ou l’éolien. La reconstitution de l’écosystème forestier se compte en décennies : il faut donc la préserver et privilégier son utilisation pour la construction plutôt que pour l’énergie.

3 – Un mix électrique 100 % d’énergie renouvelable ? Analyse et optimisation – Ademe Juin 2016  Un mix de gaz 100 % renouvelable en 2050 ? Synthèse de l’étude – Ademe Janvier 2018

 



3 – Fixer une trajectoire claire de sortie du nucléaire

L’électricité nucléaire est régulièrement présentée comme une énergie décarbonée. Mais elle fait peser sur l’environnement et les personnes un nombre outrageux de risques sanitaires, et son coût de plus en plus pharaonique sera fatalement répercuté sur les usagers et les contribuables. Par ailleurs, le choix du « tout-nucléaire » a entravé le développement des énergies renouvelables, plaçant aujourd’hui la France loin derrière ses voisins européens .

Car avec le développement des renouvelables, le maintien du nucléaire signifierait produire plus d’énergie que de besoin. On estime que cette énergie supplémentaire, qui serait donc exportée, représentera l’équivalent de la production de 20 réacteurs nucléaires. Les Français doivent-ils supporter le risque nucléaire alors que la demande ne le nécessite pas ? Nos voisins européens auront-ils besoin de cette énergie ? La voudront-ils ? Pas sûr.

Afin d’organiser notre sortie progressive du nucléaire, il est nécessaire de fixer des fermetures de centrales ou de réacteurs supplémentaires à Fessenheim d’ici à 2023 et 2028. Ces fermetures sont rendues d’autant plus nécessaires que la production d’électricité nucléaire génère des déchets hautement radioactifs qu’on ne sait et qu’on ne peut pas traiter aujourd’hui. Ces déchets restent radioactifs pour des centaines de milliers d’années.

Les contre-vérités du nucléaire

 


4 – Abandonner le « tout -routier »

Le transport est un « poids lourds » du dérèglement climatique et de la pollution de l’air. Pour lutter contre ces fléaux, il est temps de repenser la place du véhicule motorisé. Pour France Nature Environnement, il faut faire « moins » et « mieux ».

MOINS car le changement passe par une réduction des besoins même de mobilité, notamment les mobilités contraintes, en favorisant, par exemple, le développement du télétravail ou les réunions téléphoniques, rendus possible dans une société de plus en plus connectée.

MIEUX car beaucoup de pistes sont à emprunter : réduire le transport routier des particuliers, en favorisant les modes dits « actifs » tels que la marche à pied, le vélo (essor de voies réservées, d’aides financières et de mécanismes fiscaux) et en investissant dans les transports en commun. Du côté des professionnels, il faut supprimer les avantages fiscaux du gazole routier, encourager le report des transports de la route vers le rail et faire payer aux poids lourds le véritable coût d’usage des infrastructures routières. Nos poumons et le climat devraient apprécier.

Si le développement du véhicule électrique est souhaitable en zone urbaine, il ne peut satisfaire tous les types de déplacement restant. Il est donc nécessaire de développer les véhicules roulant au gaz renouvelable (bioGNV), carburant qui présente un intérêt majeur pour l’amélioration de la qualité de l’air, la réduction des émissions de CO2 et l’essor d’énergies locales et propres.

Pour aller plus loin, consultez nos publications : « La juste place de la voiture dans la mobilité de demain » (2014) et « Le climat, la mobilité et nous » (2016)

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