Le Crepan www.crepan.org membre de France Nature Environnement  Normandie, affilié à France Nature Environnement,  considère que les projets de méthanisation agricole sont à considérer en fonction de leurs caractéristiques énergétiques et de leur impact sur l’environnement ainsi que sur l’homme.
Le Crepan est a priori favorable aux énergies renouvelables (solaire, énergies marines renouvelables, éoien, biomasse, géothermie) mais nous examinons cependant avec beaucoup d’attention chaque installation au cas par cas.
Nous sommes également sensibles à l’aspect sociétal et nous constatons souvent un manque dommageable de concertation et de suivi par le public sur ces projets. C’est pourquoi nous préconisons la constitution d’un comité de suivi permanent réunissant les exploitants et bénéficiaires du plan d’épandage, les autorités compétentes (Dreal…), les administrations locales, les riverains constitués en associations et les associations de protection de la nature et de l’environnement locales afin d’assurer une surveillance concertée du projet.
Ce comité nous semble seul susceptible d’assurer en concertation un contrôle efficace des prescriptions d’exploitation et des mesures à mettre en place en cas de danger existant ou de risque avéré. Ce comité doit être établi dès la conception du projet et pérennisé durant toute la durée d’exploitation et, à terme, du démantèlement.

Dans le cas de l’unité de méthanisation de Biéville Beuville Agri Métha Nacre nous faisons les remarques qui suivent .

1 Aspect énergétique
Le porteur de projet n’a pas réalisé une évaluation globale du bilan énergétique qui permettrait de comparer les MWh apportés par le méthane produit aux coûts en MWh des approvisionnements en substrats, du fonctionnement (chauffage des matières d’origine animale et des digesteurs ), et enfin des transports retour plus épandage des digestats. Par ailleurs tous les besoins énergétiques du projet sont assurés par la combustion d’hydrocarbures producteurs de gaz à effet de serre. Nous demandons que les parcelles du plan d’épandage les plus éloignées ( > 20km) soient exclues en raison du coût de transport.

2 Aspect agronomique et zootechnique : cet aspect est en relation avec l’aspect environnemental puisqu’un bon état agronomique des sols est à même de limiter les usages d’intrants engais et pesticides.
2.1 Le porteur de projet annonce ne pas utiliser de cultures dédiées, cependant nous regrettons que les pulpes de betteraves et à un moindre titre les pommes de terre, entrant dans le substrat à hauteur de 25%, ne soient pas valorisées en aliments pour l’élevage de ruminants, étant donné leur grande valeur alimentaire et diététique.
2.2 Le chiffre de 37 kg N/ha/an retenu pour l’épandage est une moyenne, il serait utile de prévoir dans le plan de contrôle la mesure des maxima et minima. En effet le digestat liquide à forte teneur en azote ammoniacal a des effets négatifs sur le microbiome du sol en cas de surdosage. Par ailleurs même si l’on considère que l’apport des digestats solides compense l’enfouissement des résidus de cultures pratiqué jusque là, la disponibilité du carbone des digestats n’est pas identique et il conviendrait de conserver dans l’apport de matière organique au sol une part significative – au moins 30% – de fumiers et résidus de cultures ou CIVE / CIPAN
2.3 Les plantations de haies prévues ne sont destinées qu’à masquer les installations, le linéaire est faible (moins de 1km) . Nous demandons qu’il en soit planté au moins 3km avec des continuités d’au moins 300m .

3 Aspect environnemental
3.1 : Installations : nous demandons que les risques de déversement de digestats soient maîtrisés et suivis par des contrôles préventifs, particulièrement pour les fosses déportées 3 et 4 à proximité des périmètres de protection de la Mue
3.2 Eau : Certaines parcelles proches de captages ou de zones sensibles ( Natura 2000, Znieff, voire zones de baignade à la côte ) ont été exclues du plan d’épandage, nous préconisons un contrôle renforcé de l’abstention pour ces zones. De même nous préconisons de retirer du plan d’épandage le lieu-dit Près Réservoir à Anguerny
3.3 Air : L’ammoniaque des digestats liquides est très volatil, dans l’air le gaz ammoniac est un précurseur de particules fines et de gaz à effet de serre (NO2, 300 fois plus GES que le CO2). Il est donc indispensable que l’épandage à l’aide de pendillards soit immédiatement suivi d’un enfouissement et que le plan de contrôle soit rigoureux sur ce point.

4 Risques sanitaires : le projet prévoit la thermisation à 70°C des substrats d’origine animale en entrée du process, afin de neutraliser les germes pathogènes, en particulier les sporulés. Nous demandons que le contrôle de cette étape soit particulièrement rigoureux avec une traçabilité permanente des enregistrements température / temps.

5 Nuisances : c’est particulièrement sur cet aspect que réside l’intérêt du comité de suivi évoqué plus haut : le dialogue entre les parties intéressées est primordial pour que chacune puisse s’exprimer et que des solutions durables soient recherchées.
5.1 Odeurs : principalement l’hydrogène sulfuré H2S , issu de la fermentation des substrats en cours de stockage puis en début de méthanisation. Le plan de contrôle doit être très rigoureux et comporter des détecteurs en nombre, un système d’information des riverains et la mise en place d’actions préventives/correctives.
5.2 Transports : les pics de transport devront être évités au maximum en fonction des contraines d’épandage

En conclusion nous insistons encore une fois sur la nécessité du dialogue entre les exploitants et toutes les parties intéressées et sommes prêts à y prendre notre part.

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